Associé à l’Université de Strasbourg pour deux ans, l’auteur François Hien était en résidence à l’université, du 7 au 11 septembre dernier. Il y a répété et présenté une maquette de sa pièce La Honte. Intense et dérangeante, elle explore avec finesse et habileté la complexe question du consentement et de la culture du viol*, en la situant dans le milieu universitaire.
Dans La Honte, le spectateur est pris à partie : il est le public venu assister aux auditions de la doctorante Géraldine Ruben et de son directeur de thèse, Louis Worms, qu’elle accuse de viol. Cette dernière a signalé son comportement à l’université qui garde le silence, provoquant ainsi un tollé. La commission d’enquête créée ad hoc est chargée d’éclaircir l’affaire, et en public, pour lever les soupçons de partialité.
Consentement et zone grise
Au cours du récit des deux protagonistes et de l’interrogatoire menés par deux enseignants de la commission, se dévoilent toute l’ambiguïté, la subjectivité et la complexité de la situation. Pas de contrainte physique, mais pas non plus de refus clair de l’étudiante. Consentement, zone grise, culture du viol, domination hiérarchique, masculinisme, féminisme, séduction, relations homme-femme et intergénérationnels, la pièce aborde toutes ces questions délicates avec justesse et un verbe ciselé, parfois cru. François Hien a écrit la pièce suite à l’affaire Weinstein et au mouvement #MeToo, qui l’a « énormément frappé ».