Balance entre sécurité et liberté, virtuel et présentiel ; surcoûts induits par la crise ; difficultés pesant sur les étudiants… Michel Deneken fait le point en cette rentrée fortement marquée par l’incertitude et la réversibilité des situations.
Dans votre dernier édito pour L’Actu, vous parliez de « rentrée responsable » : qu’est-ce que cela signifie ?
Être responsable, cela signifie en premier lieu que chacun, étudiant, enseignant-chercheur, personnel administratif, se doit de limiter au maximum les risques en respectant les gestes barrières, répondre de ses actes et se plier aux recommandations de sécurité sanitaire. C’est réagir à chaque situation problématique sans prendre les choses ni à la légère, ni dramatiser. Ainsi, nous avons décidé, en lien avec nos médecins et l’Agence régionale de santé, de fermer Télécom physique Strasbourg et l’École supérieure de biotechnologie de Strasbourg*, face à la multiplication des cas.
Cette situation n’est pas anodine, mais elle ne peut sans doute pas être totalement évitée : on ne peut pas demander à nos étudiants de mener une vie de moines. A leurs âges, ils sortent sur les terrasses en ville, organisent des soirées… Objectivement, l’université n’est certainement pas le lieu où ils risquent le plus de se contaminer.
Être responsable, c’est aussi trouver un équilibre dans la mise en œuvre des recommandations et obligations émanant de nos tutelles, et notamment du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Les consignes sont parfois mouvantes, elles évoluent, à l’image des recommandations sur le port du masque ou la distanciation dans les amphis… Nous les interprétons au mieux, particulièrement dans le cadre du Comité d’hygiène et de sécurité des conditions de travail (CHSCT). Et nous nous efforçons d’être le plus clairs possible dans la communication sur ces consignes, ce qui parfois pose des problèmes quand nous avons affaire à des injonctions contradictoires de l’une ou l’autre administration de l’État…
Enfin, en tant qu’employeur, c’est mettre à disposition des personnels des masques, établir avec vigilance le protocole de télétravail, ou encore se mettre d’accord sur les consignes avec nos partenaires de la recherche, pour les collègues des unités mixtes de recherche.
La crise a généré davantage de précarité étudiante. Quelle réponse l’université peut-elle apporter ?
C’est vrai, le confinement l’a placée sous un jour cru. Beaucoup d’étudiants travaillent mais la crise a fait disparaitre de nombreux emplois. Ce que l’université peut, elle le fait. Pendant le confinement, elle a mis en place des mesures pour lutter contre la précarité numérique, a lancé une collecte à travers sa fondation. Le Service de la vie universitaire, les associations étudiantes prennent des initiatives dans ce domaine. Le logement, la restauration, les bourses dépendent plutôt du Crous.… Tous les acteurs doivent s’allier pour lutter contre une précarité multifactorielle. Celle-ci est structurelle et restera quand le virus sera parti. La situation économique et sociale m’inquiète davantage que la situation sanitaire...